Tous les aménagements urbains doivent répondre à un cahier des charges, mais ce dernier s'allonge pour un village comme Salers. Car si le patrimoine bâti historique et classé fait l'image de marque de la cité, il la contraint à des règles draconniennes pour éviter de porter atteinte à cet environnement protégé.
Aussi, necessaire soit-il ce vaste projet d'aménagement (*) de la place Tyssandier d'Escous, dont le chantier a débuté en novembre dernier, a dû s'y soumettre. Pavage et pierre typique étaient des impératifs non négociables pour ce Plus beaux villages de France, surveillé de près par l'Architecte des bâtiments de France.
Les travaux
Fournis et posés par l'entreprise Hebrard de Villedieu, les pavés, qui maillent désormais ce site de 1.100 mètres carrés, sont issus de la pierre volcanique de pays. « Il fallait respecter le plan d'urbanisme fixé par l'Avap (aire de mise en valeur de l'architecture et du patrimoine), précise le maire Jean-Louis Faure. Je n'étais pas partisant de ce plan d'urbanisme mis en place durant le précédent mandat mais je le respecte. On ne peut pas faire de telle façon à un endroit et de telle façon à un autre. Il faut une continuité en matière d'esthétique ». C'est pourquoi le pavage se poursuit sur quelques mètres dans les six rues qui partent de cette place.
Bosses à certains endroits, enfoncements à d'autres, ce cœur de village se trouvait déformé à cause de la circulation, des réparations sommaires pour boucher les trous et de l'affaissement naturel. « Arrivé à un moment, il faut refaire la façade. D'autant qu'il n'y a pas eu de travaux depuis 72 ans », soutient Jean-Pierre Lagane dont la maison de la Ronade a pignon sur la place Tyssandier d'Escous. Celle-ci, qui abrite l'Office de tourisme du Pays de Salers, a donc fait l'objet d'un nivellement voire d'un réhaussement dans certaines parties pour tenir compte de l'accessibilité aux personnes à mobilité réduite. « Toutefois, elle sera légèrement inclinée avec des lignes d'eau pour permettre l'évacuation en cas de pluie », indique Jean-Louis Faure.
Par ailleurs, la municipalité a profité de ce chantier pour mettre aux normes son réseau d'assainissement en séparant le traitement des eaux usées et des eaux pluviales sous cette place.
Le cadre de vie
Pour mettre en valeur cette zone rénovée, il est aussi important, pour le maire, de jouer sur la richesse patrimoniale et la qualité paysagère. C'est pouquoi sa mise en lumière constitue un autre volet de ce chantier. Là aussi, pas question de faire n'importe quoi en matière d'éclairage d'embellissement. « Rien sur les toits et les façades, pas de projecteurs... », détaille Jean-Louis Faure. Du coup, un système d'éclairage au sol, à base de leds de 4 à 5 watts, a été imaginé. « Je peux choisir entre quelques couleurs pour faire un petit jeu de lumière », envisage l'élu.
Les fleurs participent aussi à la mise en valeur de ce point de vue emblématique de Salers, dans un souci d'améliorer le cadre de vie. D'autant que cette place est un point névralgique du village. « C'est là où se tiennent le marché, nos manifestations... », souligne le maire. D'où la nécessité de faire cohabiter tous ses usagers (habitants à l'année, touristes...).
Du coup, sur cette place, la végétation a une autre fonction que l'embellissement. Pour gérer la circulation estivale, le maire fait installer des pots de fleurs qui empêchent les voitures de se garer devant l'office, par exemple. « Je ne veux pas fermer le village sinon ça devient un musée. Et je ne vais pas installer un système de passage à carte. Déjà, il faut le faire marché et ce sera compliqué pour les anciens. »
Des enjeux touristiques
Avec ce projet phare qui fait suite à l'aménagement d'autres rues de la cité sagranière, le maire espère renforcer l'attractivité du village pour attirer des visiteurs, et notamment en fin d'après-midi où il a pu constater une période de flottement. Et pour lui, tout le monde aura à y gagner : les commerçants qui profiteront de cette clientèle et la commune qui bénéficiera des recettes générées par les parcmètre de stationnement.
(*) D'un montant de 650.000 € environ, ce projet a bénéficié du soutien de l'Etat et de l'Euorpe, la Région, la communauté de communes pour l'assainissement...
La fontaine
Le sujet a alimenté les conversations. La fontaine a retrouvé sa place après un petit séjour dans les locaux de l'entreprise Hébrard pour être restaurée. Spectaculaire, l'opération de démontage du monument a intrigué les Sagraniers. « Le démontage a duré une matinée. Toutes les pierres ont été numérotées avant d'être enlevées », raconte Jean-Louis Faure. « C'était spectaculaire », confirme Jean-Pierre Lagane qui n'a pas perdu une miette du spectacle.