DANS UN DOCUMENT ETONNANT, UN CANTALIEN RACONTE SA "VRAIE VIE DE HANDICAPE"

22/02/2025

Handicapé à sa naissance, Jean-Luc Sauret a connu un parcours semé d’embûches. Mais il n’a pas attendu qu’un valide parle de sa vie à sa place. Aujourd’hui à l’Ehpad du Lizet, à Salers, il a décidé de raconter sa vie. Des centres d’apprentissage à son autonomie. Sans fard, avec la sincérité et la pleine conscience de son handicap.

« Je parle dans ce livre des problèmes que je connais le mieux, vu par un IMC (infirmité motrice cérébrale, NDLR). » Ces mots, Jean-Luc Sauret ne les a pas écrits avec un stylo. Mais à l’aide d’une machine à écrire. À son rythme, seul. De manière autonome. « Je suis né à l’Hôpital américain de Neuilly le 6 mars 1958 », explique Jean-Luc Sauret. Il raconte son histoire, accompagné pour l’occasion par Lætitia Bray, animatrice à l’Ehpad Le Lizet, à Salers et Jean-Gabriel Salles, le directeur. Aujourd’hui, âgé de 66 ans, il réside dans cet établissement depuis 2021.  « L’accouchement ne s’est pas bien passé. Les forceps ont été utilisés et son cerveau a été touché. D’où son handicap », indique Lætitia Bray en aparté. « Je suis resté en couveuse pendant cinq jours », précise Jean-Luc Sauret.

Il grandit dans une famille aimante de bougnats cantaliens. Sa famille habite en région parisienne mais les vacances se passent bien souvent dans la maison familiale, à Anglards-de-Salers, chez les grands-parents. Sa scolarité ne sera pas celle des enfants ordinaires. C’est cet apprentissage différent qu’il a voulu raconter. De cette vie, aussi, dans les différents centres.
À commencer par celui de Sèvres (Hauts-de-Seine) qu’il a intégré en 1962.

« Dans ces centres, j’ai appris à marcher, à parler, à taper à la machine, à conduire… »
Jean-Luc Sauret

« C’est là que j’ai appris à me tenir debout, à porter des appareils, à taper à la machine. Mais ce centre, c’est aussi la rencontre avec d’autres qui sont comme moi avec leurs difficultés. C’est aussi pour moi une autre famille, les amis qui tiennent une large place. C’est là que j’ai grandi. »

Autonomie grandissante

Chaque jour, il prend le car pour se rendre dans cet établissement. C’est aussi le début d’une autonomie qui sera grandissante. « Dans ce centre, nous étions demi-pensionnaires. Les gens nous regardent avec un certain œil. Un handicapé peut faire autant qu’eux, même plus. Il arrive toujours à remonter ce courant, même s’il y a des échecs dans sa vie de tous les jours. C’est pour cela que les centres m’ont appris beaucoup de choses », écrit Jean-Luc Sauret.

C’est dans ce centre qu’il découvre la religion catholique. Aujourd’hui, il est toujours un fervent pratiquant. « À la belle saison, les messes ont lieu généralement dans la chapelle. En hiver, nous les faisons dans la salle à manger. Une à deux fois par mois, cela dépend de la disponibilité du prêtre », précise Jean-Gabriel Salles. D’ailleurs, chaque année, Jean-Luc Sauret participe à un déplacement à Lourdes. « J’y retourne en juin », assure le sexagénaire.

Après Sèvres, c’est Gonesse, en 1969. Et une nouvelle épreuve : il attrape la typhoïde et doit être opéré de l’appendicite. Puis Neuilly où il découvre le sport et les compétitions amicales au sein de l’institution. Il a pratiqué le football tout au long de sa fréquentation des centres.

« J’avais une équipe favorite. C’était Saint-Étienne »
Jean-Luc Sauret

À 16 ans, en 1974, il entre à l’École nationale pour handicapé moteur à Garches. Il y reste jusqu’en 1979 et finit par intégrer le conseil de l’établissement. « Je faisais aussi partie de la rédaction du journal de l’école pour la rubrique des sports. » Il apprend à conduire « sur une des premières Golf » mais il n’obtient pas son permis. Jean-Luc Sauret est venu habiter la maison familiale à Anglards-de-Salers pour y vivre en toute autonomie, se déplaçant avec une voiture sans permis.
« J’ai des frères jumeaux, Laurent et Éric. Ils viennent en vacances dans la maison. Mes parents et mes grands-parents sont tous enterrés à Anglards », explique Jean-Luc Sauret. C’est l’heure du déjeuner, l’entretien se termine. L’animatrice le conduit vers la salle à manger. « Les handicapés sont des gens normaux. J’ai voulu raconter dans ce livre l’ambiance qui anime tous et toutes à travers notre handicap pour oublier les tracas de la vie de tous les jours. Je raconte ma vraie vie de handicapé », affirme Jean-Luc Sauret.

Par Bruno-Serge Leroy

Publié le 19 février 2025 à 14h42