LA 24e PASTOURELLE

24/05/2024

La Montagne, 19 mai 2024

L'ancien champion du monde Sylvain Court remporte le Challenge D 4.000 de La Pastourelle

Le champion du monde 2015 de trail, Sylvain Court a remporté les deux étapes et le classement général du Challenge D 4.000 de La Pastourelle 2024.

Après avoir pris cinquante minutes d’avance lors du 60 km samedi 18 mai, Sylvain Court ne s’est pas contenté de gérer, dimanche 19 mai, sur la deuxième étape du Challenge D 4.000 de La Pastourelle. Le champion du monde 2015 a avalé les 31 kilomètres en 2 heures et 24 minutes devançant les premiers relais.

Le début de l'histoire, à Salers, en 2010

« Philippe Propage (NDLR, son entraîneur) m’avait dit, hier, de courir en gestion. Aujourd’hui, j’avais encore un peu d’énergie, il m’a dit : écoute, essaye d’accrocher les premiers relais, ça sera un bon repère pour te mettre à bloc. »

Philippe Propage, lui, a versé une petite larme après la ligne : « C’est beaucoup d’émotions parce que c’est quelqu’un que j’ai vu naître, ici, en 2010. » Sylvain Court avait remporté le trail de 30 km. Depuis, Philippe Propage l’entraîne. La boucle s’est bouclée, ce dimanche.

Mathieu Brosseau


Un chrono canon pour le vainqueur de La Pastourelle, Guillaume Tiphène

En 2 heures et 16 minutes, Guillaume Tiphène a avalé le Trail de La Pastourelle, dimanche 19 mai. Chez les femmes, Carine Loyer s’est imposée devant un duo breton : Anne Le Yondre et Élodie Wanherdrick.

Quand, en franchissant la ligne à Salers, dimanche 19 mai, Guillaume Tiphène a expliqué au micro qu’il espérait passer sous la barre des 2 heures et 20 minutes en fin d’année au marathon de Valence, les connaisseurs amassés autour de l’arrivée de La Pastourelle ont lâché un soupir d’admiration. C’est un client qui venait d’ajouter son nom au palmarès prestigieux de la distance historique de La Pastourelle, le 31 km.

Parti devant dès le premier virage, le docteur pyrénéen n’a jamais eu de concurrence sur cette course qu’il a remportée dans un chrono canon : 2 heures 16 minutes et 14 secondes À trois minutes, tout pile, du record établi en 2022 par Timothée Bommier.

Je connais le record, je sais ce que ça vaut de faire un 2 heures 15 à La Pastourelle, confiait-il après l’arrivée. Je pense qu’en préparant la course, les 2 heures 12 sont faisables sur un terrain moins gras.

Derrière, la concurrence n’a jamais été en mesure de faire illusion. « Guillaume est injouable, je tiens à le dire », reconnaissait Nathan Graton, troisième ému sur la ligne d’arrivée d’avoir brillé devant sa famille, descendu à une quarantaine de membres de Vendée.

Pour ce podium, il s’est livré une belle bataille avec Victor Tournieroux, deuxième, et Clément Chazette, quatrième. Profitant de ses qualités de descendeurs, Tournieroux a fait un petit trou dans la descente en direction de Saint-Paul-de-Salers, mais c’est surtout dans la dernière montée, en direction de Salers que la décision s’est faite.

Victoire de Loyer et podium breton

Chez les femmes, c’est une Bisontine, vainqueur des trois trails qu’elle avait disputés, avant La Pastourelle, cette année, qui s’est de nouveau imposée : Carine Loyer. « Je suis parti en tête, comme j’ai l’habitude de faire. Je crois que ça n’a pas suivi donc je n’ai pas relâché, jusqu’au bout et il y a la victoire à la fin. » Elle découvrait l’épreuve et le parcours, rendu gras par la pluie et le passage des coureurs du 60 km la veille. « Je m’attendais à pire. Il y a des passages qui sont gras, mais dans l’herbe, là-haut c’est nickel. »

Derrière elle, deux copines bretonnes, Anne Le Yondre et Élodie Wanherdrick ont offert le moment émotion de la course en profitant ensemble d’un podium partagé. « On est une soixantaine à être venus en car avec le club de Courir à Saint-Avé, expliquait Anne Le Yondre qui découvrait le parcours. Au quinzième kilomètre, je me sentais bien mais quelqu’un m’a dit : “Faut en garder jusqu’au vingtième.” Je l’ai gardé en tête. »

« En Bretagne, on a des montées et des descentes mais ce n’est pas du tout le même profil, détaillait Élodie Wanherdrick. Pour moi, c’était une découverte donc terminer par un podium, le partager avec une copine… Je pense que la soirée va être bonne. » Ça tombe bien, la fête est de coutume sur La Pastourelle.

Mathieu Brosseau


La Montagne, 18 mai 2024

La Pastourelle : au bout de la souffrance, Valentin Joachim s'offre le trail de 60 km

Environ 1.100 coureurs se sont élancés de Salers (Cantal), ce samedi 18 mai, sur le trail du Grand cirque de La Pastourelle. Sous une météo humide, Valentin Joachim, 20 ans, a remporté cette épreuve de 60 kilomètres à bout de souffle.

À bout de forces, blanc comme un cachet d’aspirine, il s’est effondré en passant la ligne d’arrivée. À deux doigts d’être évacué sur civière, direction la tente de la Protection civile, Valentin Joachim a donné tout, vraiment tout ce qu’il avait pour s’offrir le trail du Grand cirque de la Pastourelle, ce samedi 18 mai à Salers. Âgé de 20 ans, ce jeune coureur de Saint-Yrieix-la-Perche (Haute-Vienne) s’est imposé là où personne ne l’attendait.

« J’ai fait une hypothermie. Je suis tombé dans une rivière au 40e kilomètre. Et depuis, je grelotte ! Je suis allé chercher au bout du bout. S’il y avait eu deux kilomètres de plus, ça aurait été compliqué », réagit-il, couverture de survie sur le dos, toujours en claquant des dents, une bonne demi heure après sa superbe victoire. 

Devant, du début jusqu'à la fin

Avec un brouillard à couper au couteau et une pluie fine mais glaciale, la météo était exécrable. « La plupart du temps, on ne voyait pas à deux mètres ! Dans les trente derniers kilomètres, avec la boue et les pieds humides », Valentin Joachim n’a pas pu « se raccrocher » à la beauté des paysages cantaliens, qu’il découvrait pour la première fois, afin d’aller cueillir des ressources supplémentaires. « C’était au mental » et seulement au mental. « Tu regardes à droite, à gauche... Tu ne vois rien ! »

Pourtant, il ne s’est pas retourné une seule fois. C’est là son exploit. Parti très vite et très fort, en tête de la course dès le col de Néronne, Valentin Joachim n’a jamais lâché. 

Il vise la qualification à l'UTMB 2025

Même au moment de sa chute, peu avant « La Bastide », vers Le Fau. « À un moment, on a traversé une rivière. J’ai mal évalué la profondeur de l’eau, qui était trouble et qui m’a perturbée. En fait, elle m’allait jusqu’aux genoux ! En posant mon appui, ma jambe droite est partie et je suis tombé sur le côté, retrace-t-il. J’étais dans l’eau jusqu’au cou. Trempé pendant les vingt derniers kilomètres... »

Même dans la dernière ligne droite, lorsqu’exténué, il a eu le malheur de prêter oreille aux commentaires du speaker, qui annonçait un duel « couteau entre les dents » parce que son avance sur Sylvain Court fondait comme neige au soleil. « Non, je ne le sentais pas fondre sur moi, répond-il. Mais à un moment, j’entends au micro : “Attention, Sylvain Court entre dans le pré !” Je n’étais qu’à 300 ou 400 mètres de l’arrivée ! Franchement, j’étais devant dès le début ; alors faire 59 bornes devant pour se faire avoir au dernier kilomètre... »

Au bout de la souffrance, physique et mentale, Valentin Joachim signe un succès époustouflant de courage. Aligné sur La Pastourelle afin de disputer le Challenge National Trail, une nouveauté proposée par la Fédération française d’athlétisme, il vise désormais la qualification à l’UTMB 2025.

Romain Blanc


Le Réveil cantalien, 17 mai 2024


La Montagne, 9 mai 2024