L es deux groupes avaient sympathisé lors d’une rencontre folklorique à Saint-Julien-Chapteuil (Haute-Loire). Jean-François danse la bourrée depuis bientôt 35 ans et ce jour-là, le chapeau de Marie-Pierre lui fait de l’œil : il s’agit d’un modèle sagranier, plutôt ancien et la question d’approche n’est pour le moins pas vraiment banale : « Me confiriez-vous votre chapeau ? ».
Pour le corps du chapeau, d’emblée premier obstacle, il faut de la paille. La paille de riz était autrefois très utilisée, aujourd’hui elle est introuvable. Il y a bien les tresses de paille mais elles aussi sont difficiles à trouver. Alors à défaut, on se débrouille, « on recycle » même, tout type de chapeaux de paille, en les transformant. Il faut ensuite les fameuses formes de chapeaux en bois, appelées aussi « bois ».
Celles des anciens ou celles plus contemporaines, taillées par des formiers ou des menuisiers passionnés. Il faut aussi des ciseaux, un cutter, des punaises, un marteau, de la colle à bois, du fil grossier/fin, des aiguilles, 1 sèche-cheveux, 1 fer à repasser, 1 seau avec de l’eau tiède, du fil de fer, une pince coupante, des rubans, tissus et diverses décorations florales, sans oublier les outils indispensables : l’observation, le temps, la patience, l’adaptabilité et une bonne dose de savoir-faire…
On mouille, on étire, on épingle, on coupe, on triche aussi un peu parfois, « on fait avec les moyens du bord », on colle, on sèche, on coud, on cercle de fer, on vernit et enfin, on habille. L’habillage est plus personnel, ce n’est cependant pas forcément la partie la plus facile, surtout lorsqu’il faut refaire les gestes des anciens pour reconstituer le fameux bouillonné de crêpe. « Dites-moi quel chapeau de paille vous portez et je vous dirai d’où vous êtes originaires. Saviez-vous que le Cantal avait une prédilection particulière pour le chapeau de paille ? Sauf le pourtour d’Aurillac et la région de Vic-sur-Cère où les coiffes étaient plutôt faites de tissu. Saviez-vous que le Cantal était sans doute le département français où les chapeaux de paille étaient le plus travaillés ? Et les plus garnis ? Sans aucun doute ceux de la région de Salers ! La richesse de ses terres volcaniques est peut-être à l’origine du soin et du temps passés à les confectionner ».
La Sagranière est à la recherche de vieilles robes, coiffes, costumes, châles, formes, patrons, photos et peintures de costumes anciens de la région de Salers. Prêts ou dons, conseils ou savoir-faire, les membres souhaitent collecter les informations pour poursuivre la transmission du folklore sagranier autant sur les danses que sur les costumes (Contact : Monique au 07.69.26.88.12).