En affolant les chronos avec un petit groupe parti comme une balle en début de course, Timothée Bommier s'est offert le titre de champion de France de trail court, samedi 28 mai, à Salers (Cantal). Au passage, le Clermontois bat le record de la Pastourelle qui a réussi pleinement son pari, après deux ans de frustration covidée.
Il n'a pas seulement franchi la ligne en tête, il n'a pas seulement arraché un titre de champion de France de trail court au finish, et il n'a pas seulement décroché la cloche qui courronne le vainqueur de la Pastourelle.
Non, samedi 28 mai, à Salers, le Clermontois Timothée Bommier a, en prime, explosé le record de la manifestation cantalienne pour près de 9 minutes, en avalant les 32 km du trail court en à peine deux heures et quarts (2:13:14)
Avec cette performance de haute volée, l'Auvergnat signe un succès un peu sur ses terres et offre au Clermont Auvergne Athlétisme un doublé, après la victoire, la veille, de sa partenaire Laure Paradan sur le 53 km.
Avant cette arrivée triomphale dans rue pavées d'un des plus beaux villages de France, Bommier avait imprimé et suivi une cadence d'enfer dès le début de la course où un petit peloton de six coureurs partait sur un tempo déjà élevé pour rallier le col de Néronne en moins de 40 minutes.
Ces six là ont continué sur leur train d'enfer, jusqu'à ce que la course s'écrème un peu et, en arrivant sur le plateau dominé par le puy Violent, au moment de fendre la foule de randonneurs qui empruntaient le même chemin en sens inverse, le podium était déjà un petit peu dessiné.
Mais, comme la veille, les positions à mi-course et même au-delà n'ont pas survécu à un final bien raide, comme l'ultime portion de course entre Saint-Paul-de-Salers et la ligne d'arrivée, avec un dernier kilomètre terrible.
« Je viens de la piste, de la route. Le trail ? J'essaie de progresser sur cette discipline depuis deux ans avec le club et le team Esprit Volcans ».
"Aujourd'hui, c'était chez nous, c'était en Auvergne, donc il ne fallait pas se louper, sans se mettre trop de pression. Mais c'est vrai qu'on avait quelque chose à faire. Je me suis beaucoup caché, j'ai laissé faire pas mal les autres parce qu'il y avait pas mal de vent et puis dans le deuxième partie de course, j'ai pris des risques."
THIMOTHÉE BOMMIER (Champion de France de trail court)
« Ca me sourit, avec un super public. J'ai réussi à me faire plaisir et ce n'est pas souvent, quand même, en course, décryptait le nouveau champion de France. Dans la dernière bosse, j'ai réussi à faire un petit écart, aujourd'hui c'était moi, mais ça aurait pu être Arnaud (Bonin, 2e en 2:13:50). Ça s'est joué sur de la fraîcheur. J'ai un peu joué au bluff dans la dernière montée, j'ai mis une petite accélération et j'ai réussi à maintenir », poursuivait le Clermontois.
Le podium du championnat de France est complété par Julien Rancon (M1, 2:15:08), tandis que le premier Cantalien, le Mauriacois Fabien Demure se classe 4e au scratch mais avec une troisième place chez les Masters avec un temps de 2:16:35.
Chez les dames, le suspense a été moins intense, mais pas la performance. Sur des terres qu'elles n'avait pas déflorées à l'entraînement, mais qui offraient quelques similitudes à celles de ses chemins habituels, Mathilde Sagnes a fait tout le parcours en tête, seulement accrochée un temps par la Master 2 Isabelle Lamy qui a tenu la cadence en ne lui rendant que 10 secondes au col de Néronne. Mais la nouvelle championne de France de trail court était bien la plus forte.
« Je me voyais progresser chaque année. L'an dernier, j'étais seconde. Après, il ne faut pas se cacher, les absences d'Anaïs Sabris et Blandine L'hirondel ont facilité les choses. Mais j'ai fait le boulot, j'étais à peu près en forme. »
"Ce n'est jamais facile de partir en favori, j'ai essayé de ne pas me prendre la tête, de profiter du paysage. Habitant la Lozère, la Cantal s'est un peu aussi la maison. J'ai essayé de prendre du plaisir et ça a bien marché. Les crêtes étaient assez techniques, des fois j'aime bien avoir des surprises"
MATHILDE SAGNES (Championne de France de trail court)
« Je suis partie à mon rythme, j'ai joué pas mal avec les garçons. C'est un peu stressant parce qu'on ne sait pas comment c'est derrière, mais j'ai joué avec moi-même et c'est assez plaisant ».
Comme Timothée Bommier, Mathildes Sagnes observait que le passage au puy Violent, au milieu des randonneurs, « c'est vraiment magique ». « Les 30 km sont passés assez vite au final ». « Les paysages, les randonneurs, la musique sur les ravitaillements. Il y a même un moment où je me suis trompée, je pensais prendre un abricot et j'ai pris un morceau de salers », souriait la lauréate de la Pastourelle.
Derrière elle, Louise Serban-Penohat (2:42:42) s'adjuge l'argent de vice-championne de France, mais est reléguée à presque 7 minutes, tandis qu'Isabelle Lamy décroche le bronze à 8 seconde de la dauphine (2:42:50), mais avec la première place chez les Master 2.
Texte et images : Jean-Paul Cohade