SALERS, LE BERCEAU DES PLUS BEAUX VILLAGES DE FRANCE ET LE CHOIX DE L'ASSOCIATION POUR Y FETER SES 40 ANS

27/05/2022
Créée pour attirer l’attention sur ces petites communes au patrimoine remarquable, l’association des Plus beaux villages de France® est retour aux sources quarante ans plus tard. A Salers, dans le Cantal, elle y fêtera son anniversaire, du 20 au 22 mai. Entretien avec le président de l'association, Alain Di Stefano.

Créée le 6 mars 1982 à Salers, dans le Cantal, l’association des Plus beaux villages de France® avait pour ambition d’offrir un coup de projecteur sur les petites communes dotées d’un patrimoine singulier avec l’ambition de lutter contre l’exode rural. 

La naissance d'un label, voilà quarante ans

Des 66 villages classés du départ, quarante ans plus tard, à l’aube de fêter son anniversaire dans son berceau de naissance, du 20 au 22 mai, à Salers, dans le Cantal, elle en compte 164 et pèse lourd dans l’économie touristique. « 92 % des Français connaissent notre label qui reste leur préféré et un gage de qualité », explique le président de l’association, Alain Di Stefano.

Maire délégué de Yèvre-le-Châtel (Loiret), il ne peut que témoigner de l’impact du classement : « Mon village a vu croître sa fréquentation depuis son classement, en 2002, avec plus de 100.000 visiteurs par an ; 50 % de plus grâce au label. C’est un facteur moteur de la dynamique de nos villages. Depuis quelques années, on assiste même à un exode urbain avec des jeunes qui viennent s’installer dans les villages et veulent les faire vivre… Après le confinement, on a vu les gens se partager entre le travail et une résidence dans des villages comme les nôtres, grâce au numérique qui facilite la mobilité professionnelle ».

"Le village doit être avant tout authentique et être l'ambassadeur de tous les autres. Lorsque le visiteur vient dans le village, il ne doit pas se demander pourquoi il est classé, cela doit être une évidence".
ALAIN DI STEFANO (Président de l'association des Plus beaux villages de France®)

De l'exode rural à l'exode urbain

La lutte contre la désertification des petites communes en maintenant de l’activité, objectif fort de l’association, semble être atteint. Des villages ont repris vie, des commerces ont réapparu, grâce au label.

« La philosophie du début est toujours la même mais ne s’exprime pas de la même façon, les temps ont changé, tempère le président. L’idée n’est pas que ces villages deviennent des musées, il faut faire cohabiter la ruralité avec un développement touristique maîtrisé. »

Le label préféré des Français

D’où la mise en place, dès 1991, d’une charte qualité et de critères pour obtenir le précieux classement. Un village candidat sur six le reçoit, en moyenne. « Une commission se réunit après une visite d’expertise pour être sûr que, sur les dix ans, le village ne démérite pas. Nous en labellisons quatre ou cinq par an, c’est peu. L’idéal serait d’avoir une couverture nationale même si on observe qu’il y a plus de labels au sud de la Loire qu’au nord… Mais nous n’avons pas de numerus clausus, il faut surtout que chaque village soit l’ambassadeur des autres. »

Pas facile à décrocher

Si Alain Di Stefano affirme que l’association « ne crée en aucun cas de contraintes pour les villages », il confirme que « le label est difficile à obtenir. Et lorsqu’il y a déclassement, c’est grave pour le village… On fait d’abord un déclassement potentiel et on laisse dix-huit mois avant de refaire le point ». Entre 2014 et 2020, six villages ont été déclassés mais huit nouveaux ont intégré le réseau.

Quant au coût pour les lauréats, l’association, dont le budget annuel est d’environ 500.000 €, est sur un système de cotisation basé sur le nombre d’habitants, allant de 1.200 € par an pour les plus petits (jusqu’à 300 habitants) jusqu’à 4.800 € maximum (environ 2,50 € par habitant). « Cette cotisation, c’est le gage de notre indépendance. Et il y a un large retour sur investissement avec une visibilité nationale apportée par le label, notre guide édité chez Flammarion, la carte Michelin et notre site Internet », conclut Alain Di Stefano.

Cinq questions sur les Plus beaux villages de France®

Quels sont les critères pour être classé ?

Parmi la trentaine de critères exigés pour décrocher le label : « Il faut être un village de moins de 2.000 habitants, avoir du patrimoine attesté par deux sites ou monuments classés et surtout une volonté de la municipalité », précise Alain Di Stefano. L’authenticité du village est un marquage fort pour l’obtention. 

Quel est le rôle de la commission de qualité ?

Elle attribue ou reprend le label. Elle est composée de maires ou délégués des villages classés, d’architectes, de directeurs de CAUE, de spécialistes de l’histoire du bâti… Les décisions sont prises à la majorité des deux tiers. En moyenne, il faut compter un an après sa demande pour un classement… ou pas.

Un label attribué à vie ?

Non. Tous les six à huit ans, une réexpertise du village est faite par la commission qualité qui décerne le label.

Combien de villages dans le classement ?

On en compte 164 répartis sur 70 départements dont un en Outre-Mer, sur l’Île de la Réunion. Un label qui a dépassé les frontières et s’étend désormais en Europe et dans le monde. On retrouve des Plus beaux villages en Italie, en Espagne, en Wallonie, au Québec et même au Japon. 

Qui seront les prochains entrants ?

Avec un petit retard suite à la crise Covid, les réunions de la commission reprennent progressivement, la prochaine a lieu en juin. 
Neuf demandes sont à l’étude et une vingtaine de villages classés vont passer en réexpertise. Parmi les derniers labellisés : Polignac (Haute-Loire) et Le Malzieu-Ville (Lozère).

Pour en savoir plus sur l'association et tous les villages classés, rendez-vous sur son site Internet.

Magali Roche